L'annonce peut paraître surprenante : deux semaines après la promulgation de la loi sur les retraites qui a repoussé
l'âge légal du départ à la retraite à 62 ans, Renault a proposé, mardi, à ses salariés âgés, de s'arrêter plus tôt.
Une
Entièrement financé par Renault, qui refuse de communiquer sur son coût, ce dispositif, applicable de 2011 à 2013, est
ouvert à 3 000 salariés de 58 ans et plus présentant une
travail à la chaîne. Ces salariés toucheront alors 75 % de leur salaire net, jusqu'au jour où ils pourront faire valoir leurs
droits à la retraite.
"suspension d'activité" qui correspond à un dispositif de départ à la retraite anticipé, ciblé sur le travail pénible."incapacité permanente" d'au moins 10 % ou quinze années de"LES SALARIÉS SONT GAGNANTS""Il faut gérer une sous-activité temporaire",
2010, avec une augmentation de 18,3 % des voitures particulières par rapport à la même période en 2009, le groupe
anticipe la fin de la prime à la casse et la
A diverses reprises,
avait déjà proposé un plan de départ volontaire à 4 400 salariés entre octobre 2008 et avril 2009. Toujours fondée sur le
volontariat, cette nouvelle proposition présente néanmoins une différence majeure : celle de s'adresser uniquement aux
cols bleus et ce sur tous les sites du constructeur automobile.
admet un porte-parole du groupe. Si l'activité était repartie à la hausse enbaisse du bonus écologique, qui interviendront le 31 décembre 2010.des mesures de chômage partiel sur certains sites ont illustré les difficultés du groupe, quiQuand Renault abaisse l'âge de départ à la retraite
de ses salariés
LEMONDE.FR | 24.11.10 | 20h30 • Mis à jour le 25.11.10 | 10h54
"Quel syndicat pourrait dire qu'il n'est pas satisfait ?
partent sont gagnants. (...) On pense même que cela va faire des frustrés, car tout le monde ne pourra pas partir."
syndicats considèrent ce dispositif comme un avancée sur la question de la pénibilité, au coeur de leur revendication
pendant la mobilisation contre la réforme des retraites.
s'interroge Dominique Chavin, de la CFE-CGC. Les salariés quiLesINQUIÉTUDES POUR L'EMBAUCHE
Ils craignent cependant que ces départs se traduisent par une diminution des effectifs sur le long terme.
se contenter d'un plan qui supprime sans embaucher",
Sandouville de Renault, qui a souhaité rester anonyme. Satisfait des conditions proposées pour ceux qui partent, il
redoute l'impact sur ceux qui restent. Demande de productivité accrue, augmentation de la flexibilité du travail et du
déplacement des salariés entre les sites : pour ce syndicaliste, ce dispositif pourrait aggraver la pénibilité du travail :
ne peut pas s'arranger alors que la pénibilité, on la sent déjà à travers les arrêts-maladie, les taux d'inaptitudes, les
retouches en fin de chaîne."
"On ne peut pasexplique un responsable de la CGT, syndicat majoritaire à l'usine"ÇaDu côté de la direction, on promet une prochaine annonce d'embauches sans vouloir donner de détails.
embauches là où on a besoin de personnel : par exemple avec le véhicule électrique, on cherchera aussi bien en
développement qu'en production",
Mais, mercredi matin, les confédérations syndicales se sont fait l'écho des inquiétudes locales. Le secrétaire général de la
CGT, Bernard Thibault, a exprimé sa crainte devant ce qui apparaît selon lui comme
effectifs"
montre qu'il
garder les seniors".
"Il y aura desassure un porte-parole."un outil de dégraissage des. François Chérèque (CFDT) soulignait lui une question plus large, celle de la réforme des retraites : ce plan"faut revoir la réforme. On voit bien que les grandes entreprises, en particulier du CAC 40, ne veulent pasDES SENIORS PERÇUS COMME PEU PRODUCTIFSDans un contexte de crise économique, la décision de Renault illustre la délicate question de l'emploi des seniors.
un chômage de masse, on s'aperçoit que faire travailler les seniors plus longtemps, c'est un voeu pieux,"
"Avecavance XavierTimbeau, directeur du département analyse et prévision à l'OFCE. Pour l'économiste, le dispositif du constructeur
automobile apparaît comme une forme de plan social moins coûteux : indemniser des salariés près de la retraite,
moins cher qu'un plan social avec le paiement de reclassement, d'indemnités et de formation, sans parler des tensions
sociales".
"c'estAlors que le prêt de 3 milliards d'euros de l'Etat à Renault était conditionné à l'absence de licenciements et après avoir
joué à la marge sur les emplois intérimaires, les décisions du groupe sur l'emploi sont structurelles.
que Renault va arrêter d'embaucher, mais cela signifie très clairement que l'emploi n'est pas porteur,
Timbeau.
entreprises qui veulent s'en séparer."
décembre, pour obtenir des garanties sur l'embauche et la pénibilité au travail, avant une conclusion des discussions le
16 décembre."Cela ne veut pas direestime Xavier"On voit bien que les seniors ont du mal à rester dans l'emploi : ils sont perçus comme peu productifs dans lesLes syndicats attendent une prochaine réunion de négociation avec la direction, le 7
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